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Georges
Mons 1650
Probablement l’un des saints le plus célèbre de la chrétienté, bien que sans
doute légendaire, saint Georges est fêté le 23 avril.
Selon Jacques de Voragine, auteur de La Légende dorée (XIIIe), saint Georges, né
en Cappadoce, était un soldat. A Silcha, ville de la province de Libye, il
trouva la ville terrorisée par un dragon qui dévorait chaque jour une jeune
fille. C’était alors au tour de la fille du roi d’être sacrifiée au dragon.
Georges combattit le dragon, gagna et le ramena en ville tenu par la ceinture de
la princesse. Il assura qu’il tuerait le dragon pour autant que tous les
habitants se convertissent au Christianisme. Le roi, avec son peuple, fut
baptisé et saint Georges mit à mort le dragon .
Georges mourut en Nicomédie vers 303 ou à Lydda vers 250.
A Mons, la confrérie de « Dieu et Monseigneur saint Georges » 1 existait
certainement depuis 1380 2, année où elle participa à la procession de la
Trinité. 3
Elle avait son siège dans la chapelle scabinale à l'Hôtel de Ville (alors
« Maison de la Paix »). Les confrères (aristocrates, bourgeois, et enfin membres
du Magistrat) étaient tenus de respecter trois obligations : assister à la messe
le jour de la fête de saint Georges (23 avril) 4 ; escorter la châsse de leur
Patron à la procession de la Trinité ; mettre en scène un jeu (attesté en mai
1441) entre saint Georges et un dragon.
L’actuelle châsse est en chêne peint rouge et or, et date de 1650 quand de
nouvelles reliques de saint Georges furent données à Mons.
Elle était conservée, jusqu’à la fin de l’Ancien régime, en la chapelle
Saint-Georges sur la Grand-Place avant son transfert en l’église
Sainte-Elisabeth. Dans une lettre du Maire de Mons, M. Duval, adressée au Curé
de Sainte-Elisabeth, on lit à propos de ce transfert : La châsse de St Georges
qui faisait partie du mobilier de la chapelle échevinale, parce que Saint
Georges était Patron du Magistrat de la Ville, a été lors de la fermeture de
cette chapelle, déposée dans votre église qui était la paroisse de l’Hôtel de
Ville, et y était demeurée parce que par l’organisation primitive des paroisses,
l’Hôtel de Ville était compris dans l’arrondissement de Ste Elisabeth. 5
Elle affecte la forme d’un sarcophage (L. : 80 cm ; l. : 50 cm ; H. : 82 cm)
dont le couvercle, vissé aux quatre angles, repose sur un entablement soutenu
par huit colonnes torses. Sur les arêtes du couvercle se déroulent des volutes
de feuilles de chêne dans une grappe de fruits. De grands motifs floraux
stylisés ornent les faces – 3 sur les longs côtés, 1 sur les petits côtés- et
une inscription y est répétée à deux reprises : « CORPUS SANCTI GEORGII MARTIRIS ».
Le mot « CORPUS » est inscrit (or sur fond rouge) sur les petits côtés et
l’expression « SANCTI GEORGII MARTIRIS » sur les longs côtés.
Les petites faces du couvercle sont décorées d’une palmette dorée tandis que les
grandes faces sont frappées d’une couronne (comtale ?) au-dessus de laquelle se
croisent deux palmes (symbole du martyre).
Au sommet de la châsse se trouve une décoration baroque dominée par la figure
joufflue d’un ange aux ailes stylisées qui rappelle les quatre têtes d’angelots
joufflus aux ailes éployées sur lesquelles la châsse repose.
Un procès-verbal dactylographié (31 mai 1977), emballé dans du papier aluminium,
qui se trouve à l’intérieur, mentionne une réparation en 1977 6.
L’intérieur de la châsse 7 et du couvercle est tapissé de papier peint bordeaux
avec un décor floral. Une feuille de même papier est posée sur une couche
d’ouate d’environ 10 cm, elle-même placée sur la caissette des reliques reposant
sur une autre couche d’ouate de +/- 5 cm.
Sur le couvercle de la caissette, retenu sous un ruban de soie verte et
enveloppé de papier aluminium, se trouve le procès-verbal dactylographié en
1977 : L’an de grâce 1977, le 31 mai, en présence des témoins soussignés,
Gabriel WYMANS, Conservateur des archives de la Ville de Mons, et l’abbé
Jean-Maurice HUVELLE, administrateur délégué de l’a.s.b.l. « Procession du car
d’or », l’abbé Joseph DUCARME, Curé de Ste Elisabeth, à Mons, a procédé à un
nouveau scellement avec ses initiales J.D., du coffret contenant les reliques
présumées de saint GEORGES, martyr, en provenance des catacombes de Priscille,
octroyées à la Ville de Mons, par le Cardinal Laurent GINETTO, le 13 mai 1650,
ainsi que l’atteste l’acte authentique sur parchemin, conservé dans les archives
de la Ville de Mons.
Ce nouveau scellement fut rendu nécessaire par le bris intempestif des scellés
antérieurs par un curieux du nom de …… demeurant à Bruxelles, …….8, qui profita
de quelques minutes de solitude due à l’absence momentanée de Madame GOMMAERTS,
pour se livrer à cet acte inconsidéré, dans l’atelier de feu Monsieur Fernand
GOMMAERTS, artiste-peintre et restaurateur d’œuvres d’art, où la châsse était
entreposée pour être réparée.
Dans la couche d’ouate garnissant le fond de la châsse, une petite boîte 9 en
matière plastique transparente contient un prélèvement d’os effectué en 1977
comme le stipule l’acte du curé Joseph Ducarme lors du dernier scellement du
reliquaire. 10
A noter en haut de chaque face intérieure de la châsse des crochets de fer,
recourbés vers le bas, dont on ne connaît pas l’usage. 11
La caissette de chêne contenant les reliques est longue de 42 cm, large de 24 cm
et haute de 19 cm. Elle pèse environ deux kilos. A part la mention, figurant
dans le procès-verbal de 1977, Quant aux ossements contenus dans le coffre et
entourés d’ouate, ils sont devenus très fragiles et pulvérulents, nous ne
connaissons rien de son contenu.
Sur son couvercle figure à trois reprises le sceau « aux causes » de la ville de
Mons portant l’inscription : « SIGILUM AD CAUSAS VILLE MONTENSIS IN HANONIA ».
Des sceaux plus anciens sont encore visibles : ceux en cire noire du cardinal
Ginetto ; ceux en cire rouge de Ladislas Jonnart, vicaire capitulaire de
Cambrai, « sede vacante » ; celui d’un membre de la famille Ansea (peut-être
Guillaume François, échevin de Mons en 1650) et ceux en cire rouge de
monseigneur François-Joseph Hirn, évêque de Tournai qui fit la reconnaissance
des reliques après le concordat. Sous les sceaux en cire noire subsistent des
traces illisibles de sceaux plus anciens.
Le couvercle de la caissette est aujourd’hui maintenu par un ruban de soie verte
où sont apposés, trois sur le couvercle et un sur chaque grande face, les sceaux
marqués aux initiales « JD » de l’abbé Joseph Ducarme, curé de Sainte-Elisabeth
de 1956 à 1985.
Il nous faut ici rappeler le souvenir d’un incident qui opposa la Collégiale
Sainte-Waudru et l’église Sainte-Elisabeth.
A l’issue de la procession du Car d’Or du 12 juin 1808, la châsse de saint
Georges fut retenue de force en la Collégiale Sainte-Waudru. Les responsables de
la paroisse Sainte-Elisabeth s’adressèrent au juge de paix du canton sud de la
ville de Mons : Le Curé de Ste Elisabeth en la Ville de Mons, réuni aux autres
fabriciens ses collègues et aux marguilliers de cette paroisse 12, ont l’honneur
de vous représenter qu’ils étaient en paisible possession depuis nombre d’années
d’un reliquaire de St Georges ; qu’ayant fait conduire ce reliquaire sur une
civière portée par quatre hommes à la procession de cette ville le 12 de ce mois
de juin, François Jacquerie petit clerc de Ste-Elisabeth, dit aux quatre
porteurs qu’il avait choisis de reporter la relique de St Georges à Ste
Elisabeth, à l’instant où la procession allait se terminer ; quel fut
l’étonnement de Jacquerie lorsque les porteurs se mettaient en mouvement pour
lui obéir, de voir le nommé Carlier, l’un des gardes du chœur de Ste Waudru,
mettre la main sur la civière pour s’y opposer et lui entendre dire qu’il
fallait porter St Georges à Ste Waudru.
Le petit Clerc, après avoir fait quelques représentations sur cette voie de fait
avec la modestie qui lui est naturelle, les cessa pour éviter tout tumulte et
scandale.
Le petit Clerc en fit le rapport à Mr le Curé de ste Elisabeth qui envoya
l’après dîner le petit Clerc avec les porteurs, redemander St Georges.
Le petit Clerc trouva le même garde de chœur qui avait retenu par force le
reliquaire de St Georges ; il était en ce moment accompagné du petit Clerc de
Ste Waudru : il leur dit qu’il venait de la part de Mr le Curé de Ste Elisabeth
avec quatre porteurs pour reprendre les reliques de St Georges. Le dit Carlier
répondit qu’il ne le rendrait que par ordre supérieur.
Les fabriciens et marguilliers de Ste Elisabeth ne connaissent dans des cas
semblables d’autres ordres supérieurs que celui du juge.
La possession d’an et jour suffit conformément à toutes les lois, pour qu’on ne
puisse être privé de ce qu’on possède, sans une demande amiable ou judiciaire en
cas de refus. Le code judiciaire confirme cette maxime respectable, et nous
avons avancé et sommes en état de le prouver quelque nombre d’années que nous
sommes en possession de ce reliquaire. Tout enlèvement par adresse ou par force
est un délit contraire à l’ordre social, et punissable comme tel.
Carlier serait poursuivable par voie de police correctionnelle, pour avoir
enlevé de force un reliquaire dont la paroisse de Ste Elisabeth était en
possession depuis nombre d’années.
Les circonstances aggravent encore son délit : il l’a enlevé dans un instant où
le peuple était rassemblé par un esprit de dévotion, dans un moment où, si le
petit Clerc de ste Elisabeth n’avait pas été aussi pacifique il eut pu
occasionner du tumulte et répéter une des scènes si bien ridiculisées par
Boileau …
Carlier ajoute encore à son délit par la calomnie.
Il a essayé de faire entendre au petit Clerc de Ste Elisabeth qu’il avait été
conduit à la voie de fait par les conseils de quelques personnes infiniment
respectables dont nous nous garderons bien de répéter ici les noms, parce que
nous ne pouvons y ajouter aucune foi …
… En conséquence les fabriciens et marguilliers de Ste Elisabeth ont leur très
humble recours à votre autorité, monsieur le juge de paix, pour qu’il vous
plaise ordonner audit Carlier et à tous autres détenteurs dudit reliquaire de le
remettre en mains des mêmes quatre hommes et du petit Clerc qui l’ont été
demander infructueusement audit Carlier le jour le plus prochain et l’heure
qu’il vous plaira indiquer.
Ordonner en outre que ledit reliquaire sera précédé par le bâtonnier de ste
Elisabeth et suivi par le petit Clerc en surplis et bonnet quarré, en
reconnaissance de l’esprit de paix qu’il a apporté dans cette querelle.
Au contraire le garde de Ste Waudru, Carlier accompagnera ledit reliquaire
jusqu’à la paroisse de Ste Elisabeth, tête nue et la même main posée sur la
civière comme lorsqu’il a arrêté ledit reliquaire.
Ordonner que quatre gendarmes, sabre nu, et armés de leur mousqueton
accompagneront ledit reliquaire jusqu’à la paroisse Sainte Elisabeth pour
s’opposer à tout tumulte.
Que les deux voyages des quatre hommes et du petit clerc à Ste Waudru, ainsi que
le payement des gendarmes et autres frais de la sentence à intervenir, et tous
les dépens, seront à la charge dudit Carlier.
Que la sentence sera aussi imprimée au nombre de 50 exemplaires pour être
affichés et distribués comme il est d’usage dans tous les cas de délits qui
intéressent l’ordre public. 13
Le Maire de Mons, dans une lettre adressée au Curé de Sainte-Elisabeth,
justifie, de son côté, la translation de la châsse à Sainte-Waudru : Mais
aujourd’hui, que par l’effet de la circonscription nouvelle, l’hôtel de Ville
est passé dans l’arrondissement de la paroisse de Ste Waudru, la châsse de St
Georges doit suivre la même destination … J’ai l’honneur de vous prévenir que
j’ai consenti qu’on la dépose dans une chapelle de Sainte-Waudru. 14
Les responsables de Sainte-Elisabeth ont finalement récupéré leur bien … et la
châsse de Saint-Georges fait aujourd’hui toujours partie de leur patrimoine.
Selon Léopold Devillers, elle se trouvait, en 1864, dans la chapelle de la
Sainte-Famille dans une niche pratiquée dans la muraille et vitrée. 15 En 1894,
elle avait été transférée dans la chapelle voisine de Saint-Donat. 16 Elle y
resta jusque 1991 quand le Bureau des Marguilliers de Sainte-Elisabeth décida
son déplacement vers la chapelle de Notre-Dame de Grâce. 17
De nos jours, la châsse de Saint-Georges participe pleinement aux cérémonies de
la Ducasse de Mons.
Ainsi, le samedi, veille de la Trinité, la châsse de Saint-Georges, au départ de
l’Hôtel de Ville, accompagne l’Autorité communale et les acteurs du combat dit
« Lumeçon » 18 vers la Collégiale Sainte-Waudru. Ils viennent chercher le Dragon
qui est exposé dans la nef latérale nord une bonne partie de l’après-midi. Tous
retournent alors vers l’Hôtel de Ville pour la « répétition » du Combat. 19 La
châsse de Saint-Georges est reconduite pour la nuit à Sainte-Elisabeth.
Le lendemain, jour de la Procession du Car d’Or, la Châsse de Saint-Georges
prend place dans l’important groupe évoquant la Confrérie de Saint-Georges. Y
participent des figurants évoquant le magistrat montois, les acteurs du
« Lumeçon » 20, des policiers, des pompiers, … La « Confrérie de
Saint-Georges », au départ de la Cour d’Honneur de l’Hôtel de Ville, gagne la
Collégiale conduite par l’Echevin des Fêtes de la Ville. Le Bourgmestre
accompagne aussi le cortège pour se rendre à la Collégiale, d’où il assistera au
passage de la procession et à la mise en route du Car d’Or.
A l’issue de la Procession, la châsse de Saint-Georges regagne immédiatement, en
passant par la Grand-Place, l’église Sainte-Elisabeth où elle est replacée pour
un an dans sa chapelle latérale, … dans un anonymat quasi total !
Benoît VAN CAENEGEM
Conservateur de l’Eglise Sainte-Elisabeth
1 Voir à ce sujet : WYMANS G., La Confrérie de Saint-Georges à Mons, dans
Mémoire et Publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du
Hainaut, 90e Volume, Mons, 1979, p. 21-37.
2 Publication des premiers statuts le 19 mai 1380.
3 Notons toutefois que des « compagnons » de Saint-Georges sont attestés depuis
1352. Voir WYMANS G., La Confrérie de Saint-Georges …, p. 21.
4 Le repas de la confrérie de ce jour était obligatoire pour les confrères
montois.
5 Archives de l’Etat à Mons (A.E.M.), Paroisse Ste-Elisabeth MONS, N° 692,
Correspondances relatives à la châsse de Saint-Georges. Lettre du Maire de Mons,
Duval, au curé de l’église de Sainte-Elisabeth, datée du 15 juin 1808.
6 Nous n’avons trouvé aucune mention de réparation de la châsse de Saint-Georges
en 1977 dans les registres du Bureau des Marguilliers (1908-1996) et du Conseil
de Fabrique (1950-1995) de Sainte-Elisabeth.
7 Nous avons ouvert la châsse de saint Georges en juin 2001 avec l’abbé Pierre
LEFEBURE, Curé de Sainte-Elisabeth et Monsieur Claude ANDRE, Président du
Conseil de Fabrique, pour en photographier le contenu. La caissette aux reliques
n’a pas été ouverte à cette occasion.
8 Le non et l’adresse du « curieux » sont mentionné dans l’acte conservé dans la
châsse mais à la demande du Bureau des Marguilliers de Sainte-Elisabeth nous ne
les reproduisons pas ici.
9 On peut voir dans la boîte des fragments d’os pulvérulents. Sur une face, une
inscription de la main de l’abbé Jean Huvelle : Mons Eglise Ste-Elisabeth os
crânien extrait de la châsse de St Georges.
10 Le procès-verbal de 1977 évoque un prélèvement fait pour procéder à une
analyse scientifique. Nous n’avons trouvé aucune trace de cette analyse dans les
registres du Bureau des Marguilliers (1908-1996) et du Conseil de Fabrique
(1950-1995) de Sainte-Elisabeth.
11 Il est possible que les crochets aient été retournés lors de l’une ou l’autre
restauration de la châsse. Si c’est le cas, les crochets auraient pu servir à
suspendre la caissette aux reliques à l’intérieur de la châsse.
12 Il s’agit de Messieurs Wilmet, Curé ; Hanot d’Harvengt, fabricien et
marguillier ; Vanderstocken, fabricien ; de Belain, fabricien ; Deghilage et
Harmignie, marguilliers.
13 A.E.M., Paroisse Ste-Elisabeth MONS, N° 692, Correspondances relatives à la
châsse de Saint-Georges. Minute d’une lettre adressée au juge de paix de Mons
sud en juin 1808.
14 A.E.M., Paroisse Ste-Elisabeth MONS, N° 692, Correspondances relatives à la
châsse de Saint-Georges. Lettre du Maire de Mons, Duval, au curé de l’église de
Sainte-Elisabeth, datée du 15 juin 1808.
15 DEVILLERS L., Mémoire sur l’église & la paroisse de Sainte-Elisabeth, à Mons,
Mons, 1864, p. 28.
16 DECAMPS G., Mons Guide du Touriste, Mons, 1894, p. 139.
17 VAN CAENEGEM B., L’église Sainte-Elisabeth à Mons, Mons, 1996, p. 21.
18 Combat mettant en scène la lutte entre Saint-Georges et le Dragon, chaque
année, le dimanche de la Trinité, à Mons. Il commence à 12h25 au chevet de la
Collégiale Sainte-Waudru et gagne, par la rue des Clercs, la Grand-Place où se
déroule la plus grande partie de la lutte. Traditionnellement le Dragon est mis
à mort par Saint-Georges à 13h00.
19 Au cours de cette « répétition », Saint-Georges reçoit du Président de la
Procession du Car d’Or, du Bourgmestre et de l’échevin des Fêtes, les armes avec
lesquelles il va combattre le Dragon le lendemain : une lance, un sabre et un
pistolet.
20 Les adultes du Combat du dimanche et des enfants, habillés comme eux, qui
entoureront et porteront durant la Procession un petit dragon ailé.
Le 19 mai 1380, la création à Mons de la Confrérie de « Dieu et Monseigneur
Saint-Georges » est déterminante pour l'organisation du Doudou tel que nous le
connaissons aujourd'hui.
Trois obligations sont prescrites aux confrères de SaintGeorges :
Assister, en la chapelle Saint-Georges, à la messe le jour de la fête du saint
(23 avril)
Escorter la châsse de leur patron lors de la procession du Car d'Or
Mettre en scène un jeu entre saint Georges et le dragon, antique lutte du Bien
et du Mal.
Cette dernière obligation est la source de notre « Lumeçon ».
Le deuxième engagement précise qu'il faut escorter la châsse de saint Georges
lors de la procession. De quelle châsse s'agissait-il ? Comment était-elle ?
Nous savons juste qu'au moment de la création de la Confrérie en 1380, dans le
préambule des statuts, il est fait mention d'une « fierte Dieu et saint Jorge le
vray martir ». Malheureusement, de cette châsse d'origine, nous ne possédons
plus rien.
Une châsse de Saint-Georges (1650) existe pourtant encore à Mons, transférée à
Sainte-Elisabeth lors de la fermeture de la chapelle Saint-Georges, au moment de
la Révolution française.
II s'agit d'un reliquaire en bois en forme de sarcophage. Peinte en rouge et or,
elle est depuis le 22 avril 2007 bien présentée
Sur la caissette de chêne contenant les reliques, l'impressionnant sceau de la
Ville de Mons en cire rouge. Photo : Jérôme Lefebure
dans sa chapelle de l'église Sainte-Elisabeth. Les Acteurs du « Lumeçon » ont en
effet offert une « coiffe » moderne permettant dorénavant une exposition
permanente.
A l'intérieur de cette châsse, un coffret de chêne contenant les reliques. II
s'agit de celui offert en 1650 par le cardinal Ginetto. Quant aux reliques,
elles proviennent des catacombes de Priscille.
Sur les différentes faces du coffret peuvent encore se voir des sceaux, outre
celui aux causes (sceau officiel) de la Ville de Mons, ceux des divers témoins
de 1650 : ceux du Cardinal Ginetto en cire noire, ceux de Ladislas Jonnart,
vicaire capitulaire de Cambrai sede vacante, et ceux de Guillaume-François
Ansea, échevin de Mons en 1650.
Figurent encore à plusieurs reprises les sceaux en cire rouge de monseigneur
François-Joseph Hirn, évêque de Tournai, qui procéda à la reconnaissance
officielle du coffret au tout début du XIXe s., après la Révolution française.
Lors d'une restauration de la châsse en 1977,1e coffret aux reliques fut
indélicatement ouvert. De nouveaux scellés furent alors posés par le Curé de
Sainte-Elisabeth de l'époque, l'abbé Joseph Ducarme (1912 - 1985), avec un sceau
à ses initiales « JD ».
Le 22 avril 2007, en présence des autorités religieuse et civile, des
représentants de Fabriques d'église de Mons, de la Procession du Car d'Or et des
Acteurs du Lumeçon, le coffret, accompagné d'un document officiel signé par les
divers témoins, a été replacé à l'intérieur de la châsse rentrée de
restauration.
La châsse de saint Georges au cours de la Procession du Car d'Or, dans le groupe
évoquant la confrérie « Dieu et Monseigneur saint Georges », fondée à Mons en
1380 par Guillaume de Bavière
La châsse de Saint-Georges participe de nos jours pleinement au Doudou
Ainsi en la veille de la Trinité quitte-t-elle l'église SainteElisabeth pour
rejoindre l'Hôtel de Ville. De là, avec le cortège du Magistrat, elle gagne la
collégiale SainteWaudru pour aller rechercher le dragon qui y est exposé tout
l'après-midi.
Depuis le 10 juin 2006, la châsse de Saint-Georges entre dans la collégiale et
précède ainsi directement le dragon lors de sa sortie du vénérable édifice.
Première entrevue entre saint Georges et sainte Waudru dont le chef est exposé à
l'entrée du chœur...
Georges et Waudru, les deux saints les plus célèbres de Mons, sont ainsi proches
l'un de l'autre, remarquable symbole de complémentarité des diverses phases du
Doudou... Une tradition est née. Elle évoluera... Elle vivra... Les Montois s'en
empareront...
La châsse participe alors au déplacement vers la cour d'honneur de l'Hôtel de
Ville. Ici, en présence de la châsse, les armes avec lesquelles il va combattre
le dragon le lendemain sont remises à Saint-Georges : une lance, un sabre et un
pistolet.
Quant à la châsse, elle passe la nuit de la Trinité en l'Hôtel de Ville tandis
que le dragon se repose à Sainte-Waudru. Échange de bons procédés entre la Mons
de Waudru, la cité d'origine, et la Mons de Georges, la cité contemporaine.
Le dimanche matin, le reliquaire de saint Georges intégrera la Procession du Car
d'Or en même temps que l'évocation de la confrérie éponyme. A l'issue de la
Procession, la châsse regagne l'église Sainte-Elisabeth où elle est désormais
bien visible et bien protégée toute l'année...
Saint Georges et sainte Waudru se sont rencontrés.
Deux châsses, deux saints mais un seul Doudou vécu avec enthousiasme par tous
les Montois et leurs Chambourlettes...
Benoît VAN CAENEGEM Conservateur de Sainte-Waudru et de Sainte-Élisabeth