Illustration Frank

Les uns et les autres constituaient pour les chrétiens un réel danger, dans la mesure où ils représentaient les forces instinctuelles que le christianisme obligeait à refouler, plus encore qu’à discipliner. Le sorcier et la sorcière naquirent en pays christianisé de la croyance en Satan, propagée par la doctrine pastorale; ils en étaient les suppôts.
La terreur que provoquait leur apparition, ou même un bruit suspect, une lumière insolite dénonçant leur présence n’était autre que la « panique » qu’avaient bien connue les Anciens. « La principale fonction du sorcier, comme son nom l’indique, était de jeter des sorts sur les gens, auxquels, pour une raison quelconque, il voulait du mal. Il appelait sur eux la malédiction de l’Enfer, comme le prêtre appelait la bénédiction du Ciel et, sur ce terrain, il se trouvait en rivalité complète avec le monde ecclésiastique ».
C’était dans la forêt surtout  dont les clercs disaient: Aures sunt nemoris (Les bois ont des oreilles), employant le mot Nemus, qui désignait le bois sacré, le nemeton celte que l’on s’exposait à se trouver à l’improviste face aux anciens dieux, non seulement parce que, devant la pro­gression du christianisme, ils s’y étaient réfugiés, mais parce qu’ils étaient d’origine des créatures sylvestres.

La terreur que provoquait leur apparition, ou même un bruit suspect, une lumière insolite dénonçant leur présence n’était autre que la « panique » qu’avaient bien connue les Anciens, le mot en effet est grec et désignait l’effroi soudain et irrésistible qui s’emparait de celui qui, dans un lieu écarté, le croyait hanté par Pan. Le dieu cornu troublait l’esprit, car en lui se condensait la sexualité bestiale, sans frein et de surcroît contagieuse; de ce fait, Pan était capable de tout.

Jacques Brosse  © 2001--2004  Asso Acteurs du Combat dit Lumeçon Service Fêtes Ville de Mons